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2024 début de voyage lointain entre adhérents du club, de Porto à Madère

. La nuit est calme, claire . Une nuit de veille au large comme on en rêve , un moment où plus rien ne compte à part veiller à ce que la bateau avance vers sa destination.

Il y a un peu plus d’une semaine nous sommes partis de Povoa de Varzim et avons fait un arrêt à Porto, à la lagune d’Aveiro , à Nazaré , temple du surf  et lieu branché du genre « place to be » si vous voulez vraiment en être.



Les quais de Porto avec les barques qui servaient autrefois à descendre le vin du Douro



Nuit sur le mouillage de la lagune d’Aveiro



Nazaré est aussi un port de pêche, pas uniquement un lieu branché pour surfeurs de l’extrême, autrefois, il y a seulement quarante ans,  les pécheurs  utilisaient ces barques



C’est toujours la nuit, les vagues sont régulières,  la température clémente, le vent est parfois un peu trop vers l'arrière ce qui oblige à partir un peu trop vers l'ouest. Ce  n'est pas bien grave puisque nous aurons quatre jours pour récupérer l'écart de route.Il y a quelques heures nous avons laissé le halo de lumière de Lisbonne sur notre bâbord, à peine perceptible car nous somme à presque cinquante nautiques au large. Nous avons choisi de nous écarter des côtes afin d'éviter les attaques d'orques, de plus en plus fréquentes. Des amis de Saint Valery partis eux aussi de Povoa de Varzim,  au nord de Porto, mais un mois avant  nous ont vu leur bateau attaqué et cassé.  Espérons que ces sales bêtes ne viendrons pas si loin des côtes pour manger nos safrans.Ce matin nous sommes partis des îles Berlengas, en face de Peniche. Hier une partie de l'équipage a débarqué et visité cette ile escarpée,  ses grottes marines, le fort dont on se demande ce qu'il défendait.



Le Fort , on pense un peu à Dino Buzzati et au fort du désert des tartares,




Grotte sous marine aux Berlengas.




Avant nous avions descendu la côte du Portugal, mangé de la morue, bu du vino verde et un peu de Porto, fait quelques arrêts le long de la côte,  cassé un capteur solaire sur une erreur de manœuvre et pris quelques coups de soleil quand il n'y avait pas de brouillard.Maintenant nous sommes en  route, et si les orques le veulent bien, notre prochaine escale sera sur l'archipel  de Madère. A bord nous sommes trois, Elie,  notre régatier presque majeur , Jean-Claude , qui fêtera son soixante-dixième anniversaire à Madère et Jean-Luc qui fait fonction de cuisinier-pécheur .





Le régatier et le cuisinier .



Le pas encore septuagénaire.



Bien sûr en ce début de nuit c'est Jean-Luc qui est de quart puisqu'il en est toujours ainsi, de cette façon il peut se lever à midi le lendemain sans complexe.


Pour l'instant nous marchons à un bon cinq nœuds dans un vent mollasson trois-quarts arrière et notre moyenne depuis ce matin dix heures est presque de  6 nœuds ce qui convient plutôt bien à l'équipage,  enfin aux deux vieux, le jeune aimerait un nœud de plus.



Justement,  alors que Jean-Luc est à peine couché le vent forcit, Elie se fait plaisir et fonce dans une nuit sans lune alors que les deux vieux  comptent les moutons dans leur couchette. Enfin au bout d'un temps certain on réduit et ça ne va pas mieux car sous l'effet du vent la mer c'est formée et on ne peut toujours pas dormir sauf si l'on est capable de s'endormir alors qu'on décolle de la couchette.  La croisière c'est reposant, romantique, contemplatif,  enfin, sauf quand on n’a pas dormi et que l'on dormira.....peut être plus tard.


Puis, alors qu'il se met à faire jour le vent se renforce encore un peu et on continue de foncer. Parfois, au loin un cargo nous montre son panache de fumée jaune. En fin d'après-midi,  après les siestes, on appelle l'un d'eux pour avoir la météo sur les prochaines 24h : pluie continue et 20kn de vent de nord. Nous n'aurions pas dû appeler ! En fin, on verra bien puisqu'on n'y peut rien changer.Ensuite le rythme de  la nuit reprend. A minuit nous sommes à la latitude de Cadix, à plus de 300 nautiques de la côte. Le lendemain il ne pleut pas. Le vent reste doux et modéré,  nous appelons avec l'iridium ( téléphone satellite) afin d'avoir la météo,  nous appelons aussi un autre cargo en VHF et en fin de compte toutes les informations concordent pour nous assurer d'un temps calme et de vent entre le travers et le largue. Le cargo nous a raconté n’importe quoi hier ! La nuit arrive et une certaine routine avec elle.



Le régatier attentif au réglage, il ne faudrait pas perdre un dixième de nœud




Le cuisinier moyennement attentif à son cap qui regarde les vagues et fait perdre deux dixièmes de nœuds.


La journée d'après est à peine troublée par les envois de gennecker quand le vent mollit un peu et par une dorade coryphène qui attrape la ligne de traine, nous la ramenons à côté du bateau,  nous admirons ses couleurs,  elle se décroche , nous mangerons boudin-patates ce soir. Puis c'est à nouveau la nuit, ses quelques cargos, sa succession de quarts, les mêmes gestes, les mêmes précautions et surtout toujours le même  cap.


Au point de 10 heures nous sommes à 140 nautiques de Porto Santo, nous avons parcouru 403 nautiques sur la,route directe ce qui nous fait une moyenne de 5,6kn. Chiffre dérisoire si on le compare aux moyennes des grandes courses au large mais chiffre  très décent pour un voilier de croisière un peu lourd dans un vent variable et pas toujours assez fort.


Lors de la dernière nuit le vent passe sur l'arrière,  oscille un peu sur son axe et reste faible,  nous nous traînons,


L'île est de Porto Santo à été aperçu à 21h, nous arrivons,  il ne faut pas aller trop vite car nous voudrions éviter une arrivée nocturne dans ce port que nous ne connaissons pas.  Elie nous parle de douche avec de l'émotion dans la voix.  D'autres pensent rhum. On a des priorités différentes.  Nous croisons un dernier pêcheur à 20 milles des côtes, sans AIS bien sûr, mais qui avait déployé un immense filet dérivant devant nous, heureusement éclairé par de petites diodes, nous le contournons pendant trois milles. Enfin nous identifions le phare d'atterrissage,  3 éclats blancs toutes les 11 secondes. Le lendemain Elie rectifiera,  la période est de 15 secondes.  Il a raison. 


La pointe est de l'île est parée, nous longeons une cote sombre, repérons la ville au loin, l'entrée du port sur tribord,  passons les jetés et mouillons par 8 mètres de fond face à la plage, plus tard il fera jour et on verra si on entre dans le port ou si l'on reste là.


On boit un Porto et on se couche,  le bateau se balance tranquillement,  sommeil profond, nous y sommes.


Lever du soleil au mouillage de Porto Santo



Traditionnelles marques de passage sur la jetée du port. Autrefois les hommes peignaient les murs de cavernes  aujourd’hui se sont les jetées des iles lointaines. De notre côté nous n’avons pas laissé de peintures jetestres.

En fin de matinée nous entrons dans le port et mouillons. Formalités d'entrée,  présentation des cartes d'identité,  de l'acte de francisation,  de l'assurance,  attention Tiago est la pour tout vérifier.  On voit tout de suite que c'est un douanier à qui on ne la fait pas. Il prend des notes sur son ordinateur et pendant qu'il tape une ligne la pendule avance de deux ou trois minutes. Jean-Luc le skipper officiel est assis sur une chaise droite en face de lui, au milieu de la pièce et répond aux questions posées.  Enfin le douanier lui explique que   Elie est son fils, Jean Luc ne dément ni n'approuve,  il ne faut pas contrarier un douanier créatif et compétent.

A Porto Santo il y a cinq mille habitants et aucun n'est pressé,  sauf lorsqu'il est au volant.A Porto Santo le mouillage est permis dans le port ou de l'autre côté des digues mais c'est toujours le même prix : 6€/nuit. Nous sommes restés cinq nuits.




Mariehamn, au mouillage dans le port.


A Porto Santo nous avons loué des vélos électriques,  sauf pour Elie qui a eu un vélo sans moteur. Apres 40km  nous l'avons semé dans la dernière cote, après 300m de dénivelé il a enfin senti la fatigue et a terminé a 450m d'altitude un peu essoufflé.  Bien fait pour lui qui nous avait nargué toute la journée.






Elie, sans moteur, qui nous a gentiement attendue très régulièrement, sauf dans la derniere côte.









Côte au vent, c’est abrupt et ça brasse un peu.


Ensuite ce fût la route vers Madère.  Toujours au largue,  toujours tribord amure, toujours avec le même vent. L'après-midi nous sommes à Quinta de Lorde, une marina sous une falaise de lave noire près de la pointe est de l'île. Repos, plein d’eau, lavage du pont....avant un nouveau départ.




Coulée de lave, vue du bateau au ponton


La marina de Funchal est bondée, pas de place pour nous, et il y règne une chaleur de brute accompagnée d'un vacarme incessant lié à une activité touristique frénétique,  des catamarans géants sortent avec plus de quarante personnes à bord, des bateaux sur-motorisés traversent la rade en embarquant une horde de bipèdes hurlants, il y a même un puissant monstre flottant qui tire un parachute ascensionnel avec accroché dessous un pantin vivant qui agite ses jambes. Nous mouillons devant le port, nous nous faisons secouer toute la soirée puis nous roulons toute la nuit.Le lendemain route vers les îles désertes,  rien que le nom d'islas desertas donne envie d'aller mouiller pour une nuit. Ces îles sont une muraille sombre posée en travers de l'océan.  On les voit de l'île principale,  elles dégagent une impression de sévérité,  de brutalité,  on comprend qu’elles soient restées....désertes.  Quand nous nous approchons le vent forcit , nous prenons un grain, puis deux , les vagues sont de plus en plus creuses .



Le mouillage est derrière ces pointes, mal protégé.


Nous savons que le mouillage n'est pas très bien abrité alors nous virons et allons mouiller à Baia d' Abra, près de la pointe est de Madère.La baie est spectaculaire,  sur le rivage cours un sentier de petite randonnée célèbre emprunté par quelques milliers de touristes. Ils forment une longue file indienne qui s'étire jusqu'à la pointe. Ils nous regardent,  nous les observons, 



Sur la crête des fourmis à deux pattes.












Le mouillage, endroit et envers du décor



Le temps passe et la nuit arrive. Une nuit pas fameuse où il faut assurer une  veille entre deux et quatre heures du matin car de puissantes rafales s'abattent sur la baie,  les spécialistes parleraient de rafales catabatiques, ils auraient raison,  mais cette nuit se sont d'abord des rafales monstrueuses qui stressent un peu. Le matin, nous faisons route vers Quita de Lorde et retrouvons des pontons derrière une digue qui nous garantit un sommeil de plomb.Dans quelques jours l'Amirale rejoindra son capitaine et nous ouvrions un autre chapitre. 




Au ponton à Quita de Lorde. Avec au premier plan celui à qui nous devons ces photos et qui m'a permis d'illustrer la croisière du cuisinier, du régatier et du septuagénaire, car il n'y a pas à bord de brute ou de truand.

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